Élu dans la ville de Courbevoie depuis mars 2014, je me suis investi, comme des milliers d'autres élus, au service de l'altérité.
Assumer une responsabilité politique, c'est être d'abord investi de droits et d'obligations.
Dans mon mandat d'élu, je ne tire aucun bénéfice ni avantage. J'ai toujours considéré que la politique n'était pas un métier mais un investissement. J'ai également pris la décision de ne pas me présenter aux élections départementales, régionales et internes du parti "Les Républicains". Parti dont je suis fier d'être membre.
Je me suis rapidement engagé de façon active, avec de nombreux amis, afin d'obtenir une loi interdisant aux supermarchés de jeter leurs invendus consommables et de les donner à l'association de leur choix.
Ça n'a pas été simple. Mais je n'ai pas à étaler mes états d'âme, ni à parler des pressions que j'ai reçu. La seule chose qui compte est que les démunis pourront bientôt manger plus facilement.
Ainsi, après de multiples péripéties, la loi sur le gaspillage alimentaire est enfin votée, et chose rare à l'unanimité. Le 9 décembre 2015 dernier à l'Assemblée Nationale. Et aujourd'hui au Sénat. Et un oui unanime au Parlement.
Je tiens à remercier tous les parlementaires de gauche, de droite et du centre comme Frédéric Lefebvre, Jean-Pierre Decool, Jean-Christophe Lagarde, Alexis Bachelay, Guillaume Garot, Alain Fouche, Nathalie Goulet, Xavier Bertrand, Angelique Delahaye, Joel Guerriau, Chantal Jouanno, Roger Karoutchi, Jacques Kossowski, Thierry Solere, Valerie Pecresse, David Lisnard, Bruno Retailleau,... La République s'honore d'avoir des élus qui travaillent main dans la main pour l'intérêt général.
L'histoire de cette loi a démarré au mois de décembre 2014 et janvier 2015 à Courbevoie.
Avec des amis et bénévoles de ma commune, nous avons récupéré trois soirs par semaine les invendus du supermarché "Carrefour Market Charras" de Courbevoie, pour les distribuer aux personnes nécessiteuses, notamment la classe moyenne et les SDF.
Fort de cette expérience et avec mon ami Mathieu Kassovitz, sensible à cet enjeu, nous avons décidé de lancer une pétition sur Change.org pour obtenir une loi imposant à tous les supermarchés de distribuer leurs invendus. Notre pétition française a été signée par plus de 211.000 personnes !
Il s'agit du texte à thématique "écologique / agriculture" ayant reçu le plus grand nombre de signatures sur un site de pétition en ligne en France.
Notre objectif est de décliner la loi en Europe et dans le monde.
Ainsi, soutenu par "la Croix Rouge Française" et "Action contre la faim", notre deuxième pétition s'est tournée vers l'Europe. Celle-ci dépasse aujourd'hui les 754.000 signatures.
Vous pouvez d'ailleurs continuer à la signer pour atteindre le million de signatures.
Pourquoi une loi ?
En France, aujourd'hui, nous avons :
- D'un côté, une classe moyenne qui a de plus en plus de problèmes économiques. En effet, dès le 10 de chaque mois, des millions de Français sont sous l'eau après avoir payé leur loyer et leurs charges. En outre, il y a de plus en plus de SDF dans nos rues.
- De l'autre côté, chaque supermarché gâche chaque jour plus de 50 kg de nourriture. C'est impensable avec la crise économique actuelle !
Notre proposition a été simple et efficace : voter une loi imposant, ou incitant aux supermarchés de donner, soir après soir, tous leurs invendus consommables à l'association de leur choix.
Concrètement, il s'agit d'un droit opposable. Ainsi, avec un encadrement légal, il y aura trois conséquences :
- Chaque citoyen peut créer une association et déposer ses statuts à la préfecture afin d'y obtenir une habilitation. Celui-ci pourra ensuite s'adresser à l'enseigne de son choix dans sa commune, afin que celle-ci lui remette les invendus pour une distribution le soir même (à l'instar de notre initiative à Courbevoie). Il y aura donc deux sortes d'associations pour la distribution de nourriture : les associations agréées qui peuvent stocker (les Restos du cœur, Secours catholique, Secours populaire, Samu social, Croix rouge...) ; et les associations agréées qui ne peuvent pas stocker en raison d'absence de locaux permettant le respect à la chambre froide. Dans ce cas, ça serait une distribution immédiate le soir même (à l'instar de mon association "Courbevoie 3.0"). Si aucune association ne vient interpeller une enseigne, l'obligation ou la contrainte ne fonctionne donc pas. Ceci pour rassurer les enseignes et les commerçants. Et si un supermarché refuse, ça sera une peine d'amende de 3750 euros.
- Chaque commune pourra informer les citoyens qu'il y aura cette initiative. Cela permettra de mobiliser de nombreux bénévoles. Exactement comme nous avons fait à Courbevoie (tribune dans le "Courbevoie magazine", communication via Facebook, Twitter).
- Le surplus de nourriture sera cédé automatiquement aux associations agréés qui peuvent stocker la nourriture. Je rappelle, comme vous le savez, que les Restos du coeur (comme toutes les autres) font des collectes de nourriture systématiquement.
Cette loi, pour laquelle nous nous sommes battus depuis de longs mois, permettra à plus de 10 millions de personnes de manger.
En devenant le premier pays au monde à légiférer sur ce scandale de la javellisation, la France prouve que la Fraternité a encore du sens dans notre pays.
Nous en appelons dorénavant au président de la République française, Monsieur François Hollande, et au Président de la commission européenne, Monsieur Jean-Claude Juncker.
Aujourd'hui c'est aux plus de 80 millions de personnes qui souffrent en Europe que nous devons penser.
Il y a urgence à agir.
Arash Derambarsh est auteur aux éditions Fayard du "manifeste contre le gaspillage".
Il est élu "Les Républicains" au conseil municipal à Courbevoie.
Tribune au Huffington Post et journal l'Opinion
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